23/12/2021
C'est une audience et une décision qui sont passées inaperçues. Pourtant le symbole est grand... Le 18 novembre dernier, le jour même où le parlement examinait un projet de loi de reconnaissance et réparation pour les harkis, le tribunal administratif de Nîmes évoquait à la même heure un dossier humainement délicat dont la décision est tombée la semaine dernière.
Une famille avait décidé de déposer des requêtes devant la juridiction gardoise concernant les conditions d'accueil et de vie dans deux camps : celui de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales et celui de Saint-Maurice l'Ardoise dans le Gard. Une famille et ses deux enfants avaient fui l'Algérie en novembre 1962. Le père de famille, aujourd'hui retraité octogénaire, a été un supplétif de l'armée française. "Un enfant du couple est ensuite né et mort dans ce camp, sans sépulture, jeté en terre et je pèse mes mots au bord d'un champ, sans que l'on connaisse l'endroit précis pour pouvoir se recueillir", indique avec émotion maître Philippe Rey, qui regroupe à son cabinet 45 familles de harkis concernées par des procédures administratives.
"J'ai l'honneur, je dis bien l'honneur de plaider pour ces familles détruites par ce qu'elles ont vécu en arrivant sur le sol de la métropole. C'est le hasard du calendrier mais, aujourd'hui, alors que je plaide devant votre juridiction le parlement évoque cette question des conditions indignes de vie de la communauté harki lorsqu'ils sont arrivés en France, enfermés dans des camps de longues années, sans rien voir de plus comme horizon que les barbelés entourant le camp. Il y avait même une école à l'intérieur pour ne pas qu'ils se mélangent avec les autres enfants du village," souligne maître Rey. "Il est toujours invoqué les mêmes arguments aux harkis, vous avez la reconnaissance de la nation, la reconnaissance militaire, mais contentez-vous d'une poignée de mains et d'un discours au pied du mémorial", dénonce l'avocat nîmois. "L'armée française comme seule pièce versée aux débats remet un document avec un titre "aux harkis, le France reconnaissante". De qui se moque-t-on ? C'est une honte ", complète maître Rey.
Face à lui, le rapporteur public fait valoir la prescription de la procédure. Les familles sorties du camp en janvier 1976 avaient, si l'on suit la logique, quatre ans pour agir en justice. Le retraité concerné avait donc jusqu'en 1980 pour lancer une procédure judiciaire.
Le tribunal administratif a suivi l'argument du rapporteur public et a rejeté la requête. Mais cette procédure n'est pas, comme l'a indiqué le rapporteur public, "un point final" aux demandes effectuées par les harkis et leurs familles. La loi actuellement étudiée au parlement pourrait rapidement voir leurs préjudices enfin reconnus.
Boris De la Cruz
20/12/2021
Depuis quelques années cette histoire longtemps cachée ou déformée est mieux connue, grâce aux livres de Mohand Hamoumou, Aziz Méliani, François Meyer, Brahim Sadouni, Fatima Besnaci-Lancou, Dalila Kerchouche, Boussad Azni, Maurice Faivre, Abder Moumen, Katia Khemache, Alice Zéniter et d’autres, de plus en plus nombreux.
Il faut remercier toutes celles et tous ceux qui, depuis 1962, ont aidé les Harkis : les officiers qui ont désobéi au télégramme de Messmer et ont sauvé des harkis, toutes les associations, leurs adhérents, le site Harkis Dordogne, toutes les personnes touchées par ce drame et qui se sont investies dans le combat pour rendre justice aux Harkis.
Certains l’ont fait durant des dizaines d’années, d’autres quelques mois; chacun à sa façon, toujours avec passion. A toutes et tous merci.
A tous nos concitoyens qui nous soutiennent moralement : merci beaucoup. Mais vous pouvez faire plus.
En adhérant ou en faisant un don à AJIR ou à une autre association que vous connaissez mieux. Peu importe. Toutes les associations se battent pour rendre justice aux anciens Harkis. Toutes les associations ont besoin d’argent. Les déplacements à Paris pour rencontrer les décideurs, les procès, les réunions en Province, la création de site, les projets mémoriels, tout cela coûte cher.
Si vous faites par exemple un don à AJIR ou au Fonds pour la Mémoire des Harkis via ce site avant le 31 décembre, vous recevrez un reçu fiscal et vous aurez une réduction d'impôts de 66% de votre don.
Un don de 30 euros ne vous revient qu’à 10 euros. Un don de 150 euros ne vous revient qu’à 50€...
Alors, faites de votre réduction d’impôt un acte militant pour une noble cause. D’avance merci.
14/12/2021
Le Président d’AJIR a demandé des explications sur le fonctionnement du Fonds national de solidarité. Plusieurs adhérents l’ont en effet alerté sur des refus qu’ils ne comprennent pas. Le Président a également redit son opposition au critère de passage dans les camps ou hameaux pour pouvoir bénéficier de ce fonds. En effet, selon AJIR, si c’est un fonds SOCIAL alors seuls des critères sociaux devraient être pris en compte.
Madame la Directrice comprend notre position mais dit que le décret comporte ce critère de passage dans les camps à la demande du Conseil d’Etat pour justifier une aide spécifique aux enfants majeurs d'anciens supplétifs. Un fonds d’aide exceptionnel est parfois utilisé dans certaines situations exceptionnelles qui n’entrent pas dans le cadre du décret de 2018. N’hésitez pas à nous alerter sur des situations locales délicates.
Par ailleurs, Madame la Directrice a confirmé la décision prise par l’Elysée de doubler l’allocation de reconnaissance (loi de 2005) pour tous les harkis vivants qui en perçoivent une. ( allocation différente selon l’option choisie, 250€ ou 350 qui passera à 500 ou 700€).
Pour les veuves, le Président de la République est allé plus loin. Madame la Directrice confirme qu’à partir de janvier 2022, (si l'arrêté est pris avant) TOUTES les veuves d’anciens Harkis percevront l’allocation mensuelle au taux de la meilleure option, soit 700 euros par mois, quelle que soit l’option choisie en 2005 par leur mari.
Nous sommes ravis de cette décision et contents de nous être battus pour cela. Les femmes d’anciens Harkis ont souffert du déracinement et elles ont avec beaucoup de courage et de dignité élevé des familles nombreuses. Nous sommes heureux que cette allocation de reconnaissance vienne améliorer leurs retraites de réversion souvent modiques et leur rendre la vie plus facile. Elles le méritent bien.
10/12/2021
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AJIR : Association Justice Information Réparation, pour les Harkis. Contact : ajirfrancecontact@gmail.com Association loi 1901 - tout don à l'association est éligible aux réductions d'impôts