Association Justice Information Réparation pour les Harkis

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Le Président d'AJIR à l'Assemblée Nationale

07/11/2021

Le Président d'AJIR à l'Assemblée Nationale

Madame  la Présidente,  Mesdames, Messieurs les députés

 

En préambule, permettez-moi quelques éléments pour situer à quel titre j’ai honneur de m’adresser à vous aujourd’hui.

 

Je suis Président d’AJIR pour les Harkis, Association Justice, Information, Réparation, qui fédère plus de 30 associations  dans 40 départements. Je parle au nom de ces 30 associations adhérentes à AJIR et de leurs 1150 adhérents.

 

Aucun de nous 4 ici présents, ni aucune autre personne,  ne peut prétendre parler au nom de l’ensemble des Harkis de France. Mais nous essayons tous les 4 de parler dans l’intérêt de tous.

 

Ce moment est l’aboutissement d’une démarche engagée il y a 9 mois. AJIR avait demandé en février un rendez-vous avec le Président de la République car nous n’étions pas satisfaits du rapport Stora qui passait les Harkis sous silence. Nous avons été reçus longuement le 10 mai à l’Elysée. J’avais préalablement remis une note expliquant l’importance d’une loi de réparation. Le discours du 20 septembre et ce projet de loi en sont une suite.

 

Nous allons prêter notre voix à ceux qui ne peuvent s’exprimer car ils sont morts où qu’ils n’auront pas l’occasion de s’exprimer devant vous. Mais nous regrettons un manque de vraie concertation. Nous avons été consultés mais pas associés à la rédaction de ce texte que nous avons découvert seulement cette nuit.

 

Ce projet de loi est un texte très important, pour les Harkis et  pour  le pays.

 

Je vais en quelques minutes, en souligner d’abord l’importance et l’originalité, puis pointer des manques et des imprécisions ; enfin vous soumettre des pistes d’amélioration pour limiter les déceptions.

 

D’abord son importance. Cette loi  grave dans le marbre d’une loi la responsabilité de l’Etat vis-à-vis des Harkis. Les 3 Présidents  précédents, de droite comme de gauche, ont reconnu, plus ou moins explicitement, l’abandon des Harkis et les conditions indignes d’accueil de ceux arrivés en métropole. Mais aucun ne l’avait acté dans une loi. Le Président actuel a eu ce courage. Comme celui de demander pardon aux Harkis abandonnés.

 

Cela permet de passer de la solidarité à la réparation, du social à la justice. Ce qui est demandé depuis longtemps.

 

Ainsi (pour) la réparation ce qui sera accordée ne sera pas un cadeau mais un dû, un droit, en compensation des dommages subis. Quel que soit le montant, il restera symbolique car  aucune indemnisation financière ne peut réparer certaines souffrances ni les rêves brisés.  Dalila vous parlera de la vie au camp de Bias.

 

Les Harkis ne quémandent rien; ils demandent simplement une juste réparation des préjudices et traumatismes subis  à cause de l’attitude irresponsable des représentants de l’Etat.

 

Important, ce texte de loi l’est aussi pour notre République toute entière. En reconnaissant sa responsabilité, et en payant sa dette,  elle renoue avec ses valeurs d’égalité et de fraternité.

 

Ensuite, il faut souligner des manques et imprécisions

 

La réparation suppose un ou des préjudices à réparer et un responsable du dommage. Ce qui est fait ici.

 

Mais la responsabilité reconnue n’est pas complète. Elle se limite au « délaissement »  dans les structures de relégation où ils furent coupés des autres citoyens, enfermés, cachés comme pour ne  plus voir ceux dont la présence rappelait les promesses de protection bafouées, les valeurs républicaines piétinées,  les Droits de l’Homme oubliés.

 

La responsabilité quant au refus de rapatrier,  ou de porter assistance à ceux qui étaient menacés, cette responsabilité-là, reconnue par tous les Présidents, attestée par les télégrammes des 12 et 16 mai 1962, n’est pas dans la loi. Elle est importante car après le cessez-le-feu, qui ne cessa que d’un côté, les personnes emprisonnées qui purent regagner la métropole sont rarement passées par les camps. N’ont-elles pas, elles aussi, droit à réparation ? Serge l’a illustré avec émotion.

 

Les préjudices visés par cette loi se limitent à la privation de liberté et à l’inégalité des chances pour les enfants scolarisés en vase clos. On aurait pu y ajouter des atteintes à la dignité, voire la spoliation d’une partie de leurs allocations. Ces préjudices ont le mérite d’être faciles à identifier : passage ou non par ces structures. Ils sont réels même si ils diffèrent entre les camps  et les Hameaux. Pour autant on ne peut pas par équité considérer, à priori, que les personne non passée par les camps n’ont pas subi de traumatisme. Il y a eu en France des assassinats de Harkis, du racket, plusieurs années après 1962. Et faute d’aide, beaucoup vécurent dans des logements plus insalubres et aussi ghettos que les hameaux de forestage. Qui dit réparation dit évaluation des préjudices pour tous, presqu’au cas par cas, ou par grande catégorie. Cela doit être le rôle de la commission nationale dont on ne sait rien hélas.

 

Pour conclure, quelques pistes d’améliorations et rappels des demandes des associations et personnalités adhérentes à AJIR :

  1. Priorité absolue aux anciens, la  génération qui a pris des risques et souffert du déracinement, comprenant les supplétifs, et leurs épouses, incluant veuves ou femmes divorcées.
  2. Faire de la commission une vraie commission d’évaluation des préjudices. Tous les parents et les enfants, qu’ils soient passés par un camp ou non, doivent pouvoir s’ils le souhaitent présenter leur cas devant cette commission qui décidera s’il y a un préjudice avéré en lien avec l’abandon ou le délaissement. Cette commission ne doit pas se cantonner à recueillir des récits de vie. Cela l’Onac ou le Mémorial de Rivesaltes le font déjà
  3. Introduire dans la loi le terme abandon. Entre avril et Octobre c’est  bien un abandon qui est décidé avec  un rapatriement de tous Français Musulmans menacés, ni prévu, ni voulu.
  4. L’Etat ne doit plus opposer la prescription quadriennale. Cette loi doit prévoir que toute personne qui aura reçu une proposition de réparation disposera d’un délai de 2 ou 3 ans pour saisir les tribunaux.
  5. L’allocation de reconnaissance doit être doublée  et portée  à 500 euros par mois, pour les supplétifs vivants et leurs veuves le cas échéant.
  6. Pour les enfants qui sont restés longtemps dans les camps, souvent sans formation, et qui de ce fait n’ont pas toujours trouvé du travail, il conviendrait d’aider au rachat des trimestres manquants
  7. Le Fonds social actuel, parce que social, doit être basé sur des critères sociaux et non de passage par les camps
  8. Un comité d’histoire devrait être constitué au sein d’une fondation pour l’histoire et les mémoires des Harkis au sens générique du terme.
  9. Les familles d’anciens Harkis restés en Algérie et  qui souhaitent venir en France voir leur famille, doivent avoir des visas en priorité

 

En conclusion, il faut rappeler aussi  que s’il n’y a pas eu encore de réparation au sens de cette loi, il y a eu des aides sociales et des gestes de reconnaissance. Ainsi, la réparation n’implique pas de tomber dans la « surenchère victimaire » ou l’apitoiement.  Car la grande majorité des Harkis et leurs enfants, à force de travail, ont des situations normales et parfois enviables. Mais la réussite des enfants - grâce aux sacrifices des parents - n’efface pas les préjudices subis et donc le droit à réparation quelle que soit leur situation.

 

Pour terminer, j’espère Mesdames Messieurs que vous convaincrez tous vos collègues de ne pas faire de cette loi un sujet de polémique politicienne.  Il s’agit d’une dette morale de la Nation. C’est ensemble qu’il faut l’assumer et l’honorer. Parce, pour paraphraser Clémenceau, « les Harkis ont des droits sur vous ».

 

Il est des lois qui doivent transcender les oppositions partisanes, même en période électorale.  

Il est des lois qui doivent être votées en tant que citoyen et non en tant que militant.

Cette loi est (de) celles-là, de celles qui redonnent de la fierté  et un supplément d’âme à notre République.

 

Merci pour votre écoute.

La République et les Harkis : il n’est jamais trop tard pour bien faire.

01/11/2021

 La République et les Harkis : il n’est jamais trop tard pour bien faire.
 "Le président de la République souhaite accomplir au nom de la France un geste fort de reconnaissance ", a annoncé la secrétaire d’État aux Armées le 25 septembre. L’intention est courageuse mais périlleuse car depuis 60 ans les Harkis ont souvent été déçus. Longtemps, l’histoire des harkis a été refoulée par l’Etat algérien et l’Etat français en raison des massacres d’après le « cessez-le-feu : l’un pour les avoir commis, l’autre pour les avoir permis. Les harkis aussi se sont tus, occupés par leur difficile réimplantation et prisonniers d’une histoire déformée. Il a fallu attendre 2001 pour qu’un président de la République, Jacques Chirac, reconnaisse que « la France n’a pas su sauver » ses enfants de « la barbarie ». Il aurait été plus juste de dire « n’a pas voulu ».

Depuis, chaque président a apporté sa pierre au travail de vérité, souvent à la veille d’élections. Ainsi le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy
lors d’un discours de fin de campagne affirma que les télégrammes du 12 mai 1962 de Pierre Messmer et Louis Joxe marquaient « sans aucune contestation possible la responsabilité du gouvernement français dans l’abandon d’une partie des harkis ». Le 25 septembre 2016, à quelques mois de la fin de son mandat, le président Hollande, fut plus explicite « Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des Harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d’accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France. »  Récemment, le Conseil d’Etat a condamné l’Etat à verser à un enfant de harki 15 000 euros pour l’avoir fait vivre 13 ans dans un camp coupé du monde. Cette décision est importante par sa portée symbolique : la justice reconnaît le préjudice que constitue la perte de chance des enfants relégués dans des structures isolées.
Une demande de pardon de l’Etat français
Alors que pourrait encore dire ou faire un président pour répondre à la soif de vérité et de justice des Harkis et de tous les autres Français impatients que leur pays efface la honte d’un abandon et d’un accueil indigne ? D’abord demander pardon au nom de l’Etat français pour les fautes des gouvernants des années 60. Pour avoir nié la citoyenneté française de ces hommes, pourtant nés dans des départements français « entre Dunkerque et Tamanrasset », et auxquels l’Etat imposa à leur arrivée l’humiliante demande de nationalité française devant un tribunal. Pour les avoir exclus des Accords d’Evian et feint de croire qu’ils ne risquaient rien à rester sur le sol algérien après une guerre fratricide effroyable. Pour avoir interdit à l’armée française de protéger et rapatrier des harkis menacés après un cessez-le-feu qui ne cessa que d’un côté. Pour les avoir enfermés longtemps dans des hameaux forestiers, des cités-ghettos ou des camps entravant réussite scolaire et professionnelle.

Ensuite reconnaître cette responsabilité par une loi
, geste fort par son aspect symbolique et son impact médiatique. Cette loi devrait insister sur la citoyenneté française de cette population, sa loyauté, le lourd tribut payé et sur la reconnaissance sans équivoque de la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon des harkis, la non-assistance à personnes en danger, un accueil des rescapés indigne. Ce n’est pas un exercice masochiste de repentance mais un travail cathartique de vérité.

Enfin traduire cette volonté de vérité et de justice par
des actes. Ainsi, une autre date que le 19 mars s’impose pour honorer les victimes civiles et militaires de la guerre en Algérie. Pourquoi ne pas remplacer le 19 mars et le 5 décembre par le 8 juin, en référence au 8 juin 1999 où l’Assemblée nationale vota à l’unanimité la reconnaissance de l’état de guerre en Algérie ? Continuer à faire du 19 mars une commémoration officielle de la « fin de la guerre d’Algérie », c’est assassiner une seconde fois les dizaines de milliers de harkis et Pieds Noirs tués ou disparus après le 19 mars alors que l’armée française était encore présente.
Bachaga Boualem ou le capitaine Rabah Khellif au Panthéon ?

Un autre geste symbolique pourrait être d’accueillir au Panthéon une figure emblématique de cette communauté de destin, comme le Bachaga Boualem ou le capitaine Rabah Khellif. Des nominations au service de la République d’enfants de harkis à la compétence démontrée contribueraient aussi à acter la reconnaissance. Il ne s’agit pas là de discrimination positive mal comprise mais de rendre plus visibles, afin qu’elles servent d’exemples, les personnes qui ont déjà fait la preuve de leurs qualités malgré le handicap du patronyme ou une scolarisation tardive.


Mettre en place une représentation élue, et donc légitime, de cette population, à l’instar du CRIF, serait utile, quoique difficile, pour
avoir des interlocuteurs crédibles. Parce que la reconnaissance nécessite d’abord la connaissance, des moyens sont nécessaires pour produire tous supports aidant à faire connaître l’histoire des Harkis.

 

Enfin le président devrait s’engager à réparer ce qui peut l’être encore. D’une part en créant une commission d’évaluation des préjudices, préalable à toute réparation. Bien sûr, aucune réparation ne rendra vie à ceux tués après le 19 mars 1962 ni aux nourrissons morts de froid ou de manque d’hygiène dans les camps de tentes (près de 130 à Rivesaltes).


Aucune réparation financière ne remplacera des
années d’enfermement dans des structures aliénantes ni n’effacera leurs stigmates. L’enjeu, qu’on ne s’y trompe pas, n’est pas financier. Dailleurs, la récente décision du Conseil d’Etat (2018) donne le ton : 15 000 euros pour 13 ans d’exclusion et de potentiel étouffé. L’enjeu est d’avoir une commission d’éminents juristes, d’anciens ministres, d’universitaires reconnus, afin de cerner - et ainsi de reconnaître objectivement- la réalité des préjudices subis. D’autre part en mettant en œuvre de mesures fortes de solidarité pour les plus démunis afin de leur garantir une retraite décente.


Entre volonté de vérité et difficulté à réparer, entre gestes symboliques et mesures concrètes, la déclaration présidentielle sera un
exercice délicat. Mais le président Macron, parce qu’il fait souvent preuve d’audace, génère un nouvel espoir chez les harkis. Et chez tous ceux convaincus, selon les propos de Friedrich Nietzsche que « les vérités que l’on tait deviennent vénéneuses ».

 


Mohand Hamoumou (Volvic, Puy-de-Dôme) est professeur à Grenoble à Ecole de Management, psychologue clinicien, docteur en sociologie (EHESS), diplômé de l’ESSEC, auteur de « Et ils sont devenus harkis » (366 pages, 1993, Fayard). Maire de Volvic (2008-2020), Officier de la Légion d’Honneur.


https://www.lemonde.fr/blog-
mediateur/article/2018/10/09/histoire-la-republique-
et-les-harkis-il-n-est-jamais-trop-tard-pour-bien-
faire_5366767_5334984.html

«Entre la France et l'Algérie, la réciprocité est la base de toute relation équilibrée»

18/10/2021

 «Entre la France et l'Algérie, la réciprocité est la base de toute relation équilibrée»

Ainsi, le président de la République a-t-il cru devoir considérer la répression sanglante de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris comme des «crimes inexcusables pour la République». Décidément, les postures d'Emmanuel Macron donnent le tournis à l'observateur qui s'essaie à la recherche d'une cohérence morale et politique.

 

Le candidat Macron, en terre algérienne avait commencé par une funeste déclaration sur une constatation consubstantielle de crimes contre l'humanité que l'on ne pouvait qu'associer au procès des nazis à Nuremberg et qui lui valut une plainte de la principale association de pieds-noirs, suspendue par la grâce de son immunité.

 

L'équilibrisme politique - ou électoral - donne parfois le vertige à qui cherche le juste équilibre.

Gilles-William Goldnadel

À son retour à Alger, ès qualité de chef de l'État, il morigéna sévèrement des jeunes manifestants qui lui rappelaient les exactions françaises en les exhortant à regarder l'avenir plutôt qu’à ressasser un passé qu'ils n'avaient pas connu. Dans un avion qui le ramenait d'Israël, il confia à quelques journalistes, que le drame algérien devait être regardé historiquement comme on avait observé le drame de la Shoah. Rien de moins.

 

Plus tard, il crut devoir confier à Benjamin Stora, historien estimable mâtiné de militant engagé, la rédaction d'un rapport circonstancié dont la première qualité n'est pas l'objectivité équilibrée. Celui-ci recommanda notamment de s'incliner devant les victimes algériennes du 17 octobre mais négligea la même recommandation concernant notamment les massacres par des sympathisants du FLN de milliers de chrétiens, de juifs et de musulmans à Oran du 5 au 7 juillet 1962 alors même que le nouvel État avait accédé à l'indépendance. Ce drame a d'autant plus marqué la mémoire pied-noir, que l'armée française était restée l'arme au pied et que les familles n'ont jamais reçues d'informations sur le sort de leurs chers disparus.

 

 

N'ayons garde d'oublier la visite présidentielle à la famille de Maurice Audin, militant communiste mort probablement sous la torture, mais compagnon d'un FLN qui assassinait des militaires français et aussi des civils. Dans la dernière période, et sur fond d'aigre dispute avec le gouvernement rien moins démocratique d'Alger à propos de visas, le président a été jusqu'à déplorer l'exploitation politique abusive d'une «rente mémorielle» utilisée comme diversion pour faire oublier les échecs d'un jeune état aux fondements incertains. Autant dire que ceux qui veulent trouver leur pitance de repentance, comme ceux qui souhaitent s'affranchir d'une mauvaise conscience unilatérale peuvent faire leur marché au magasin macronien.

 

Jamais peut-être le fameux «en même temps» n'aura fonctionné aussi massivement. L'équilibrisme politique - ou électoral - donne parfois le vertige à qui cherche le juste équilibre. Il n'est pas douteux que la manière inhumaine avec laquelle ont été traités les manifestants du 17 octobre est un crime inexcusable. Mais fallait-il il pour autant que la France s'excuse de manière unilatérale ? Mettant ainsi au pot de la rente mémorielle.

 

Reconnaître les exactions françaises sans exiger simultanément les excuses algériennes pour les crimes du FLN contre les Français et les harkis, n'est pas la justice mais la prolongation de la rancœur sans fin.

Gilles-William Goldnadel

Grâce soit rendue à Guillaume Perrault, qui dans Le Figaro du 15 octobre a su contextualiser avec rigueur cette manifestation réprimée dans le sang. Rappeler le couvre-feu ordonné en raison de la situation insurrectionnelle. Rappeler les attentats du FLN qui poussait son avantage et ceux de l'OAS qui traduisaient sa rage. Rappeler l'impôt forcé révolutionnaire sur les Algériens de France et les milliers de morts de leurs luttes intestines sur le sol français. On est donc à des centaines de lieux d'un massacre spontané. Et quitte à pousser l'introspection sans fard jusqu'au bout, pourquoi dans ce cas, poser le chapeau uniquement sur la tête du préfet Papon, qui a la taille de l'emploi au regard de sa funeste réputation et oublier le képi du général de Gaulle qui n'eut aucun regret ?

 

À VOIR AUSSI - Emmanuel Macron commémore les 60 ans de la manifestation du 17 octobre 1961

Emmanuel Macron commémore les 60 ans de la manifestation du 17 octobre 1961
 

Pourquoi oublier le silence des organisations syndicales policières, qui à l'époque étaient toutes situées à gauche ?

Mais l'essentiel est ailleurs. Reconnaître les exactions françaises sans exiger simultanément les excuses algériennes pour les crimes du FLN contre les Français et les harkis, n'est pas la justice mais la prolongation de la rancœur sans fin.

 

 

Reconnaître les unes sans les autres, n'est pas qu'une question de principe. C'est instiller dans la tête d'une partie de la jeunesse d'origine algérienne vivant en France l'idée monstrueusement fausse que les Français seraient un peuple de tortionnaires qui devraient naturellement expier leurs fautes à l'égard de leurs parents. Inutile de dire que les relations qui d'ores et déjà existent entre communautés n'avaient pas besoin de ce surcroît de munitions explosives.

 

Si l'on veut, en regardant de surplomb, tenter de comprendre le comportement erratique aussi bien présidentiel que médiatique, on doit interroger le moment psychologique. La pathologie occidentale de la faute de l'homme blanc. De lui seul uniquement. La base de la relation humaine est la réciprocité. Elle est inhérente à l'instinct naturel de justice. Mettons donc fin aux expédients qui président à la vertigineuse simultanéité et exigeons donc la juste et nécessaire réciprocité.

Répression sanglante du 17 Octobre1961 : le geste du Président Macron

16/10/2021

Répression sanglante du 17 Octobre1961 :  le geste du Président Macron

Peut-être parce que se sachant couverts selon les mots de leur hiérarchie ou excédés par la mort d’une dizaine de policiers tués par le FLN dans les  semaines précédentes, la police d’alors commet l’irréparable : une répression sanglante inexcusable. Elle matraque des civils désarmés, tire à balle réelle, jette des hommes dans la Seine.  Le bilan officiel d’alors, de 3 morts est hélas bien loin de la terrible réalité. Ce sont des dizaines de personnes qui ont été tuées durant l’horreur de cette terrible  nuit.

 

Fidèle à sa volonté de réconcilier les mémoires meurtries par cette guerre d’Algérie, continuant à reconnaître et à assumer les pages sombres de notre histoire, le Président s’est recueilli au Pont de Bezons et dans un communiqué il a  reconnu des faits en les resituant dans leur contexte.

 

Certains, de droite ou d’extrême droite, se sont offusqués, craignant qu’à force de reconnaître les pages sombres de notre histoire, on porte atteinte à l’image de la France des Lumières. D’autres à l’inverse, de gauche ou Algériens, ont dit leur mécontentent estimant que le Président n’était pas allé assez loin, refusant de parler de crime d’Etat ou de participer le 17 octobre aux manifestations organisées par diverses associations. 

 

Le Président  avait invité des petits enfants de victimes mais aussi des enfants d’autres populations concernées par cette guerre, pour inciter à dépasser les ressentiments mortifères et à construire ensemble un avenir apaisé.

 

Le Président algérien, sans surprise, a estimé que ce n’était pas assez ; qu’il eut fallu parler de « crime d’Etat ». Par contre, pas une seconde il n’envisage lui  de reconnaître la responsabilité de l’Algérie dans les massacres de Harkis après le cessez-le-feu, de messalistes à Mélouza ou de Pieds Noirs à Oran. De même, peu de personnes ont rappelé la responsabilité du FLN : il avait menacé de représailles ceux qui n’iraient pas manifester. Il savait qu’il y avait un risque que cela dégénère. Mais cela entrait dans sa stratégie pour forcer à négocier l’indépendance. Cela n’excuse en rien la disproportion de la réaction. Mais il serait bon que chacun reconnaisse ses responsabilités. C’est  à ce prix qu’on pourra construire des relations sereines et fructueuses entre les deux pays.

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