Association Justice Information Réparation pour les Harkis

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Zohra ... nous a quitté !

08/10/2021

Zohra ... nous a quitté !

Zohra Benguerrah, depuis très longtemps militante de la cause Harkie et déléguée régionale d'AJIR Occitanie, nous a quitté dans la nuit du 7 au 8 octobre 2021 emportée prématurément par la maladie. Tous ceux qui l'ont connue sont bouleversés. 

 

Nous saluons sa mémoire et son dévouement sans faille dans la lutte pour obtenir la reconnaissance de la responsabilité de la France dans l'abandon et l'accueil indigne des Harkis.

 

A sa famille, AJIR et l'ensemble de ses adhérents présentent leurs sincères condoléances et expriment leur solidarité et leur soutien face à cette terrible épreuve.

 

Qu'elle repose en paix.

Et maintenant... ?

04/10/2021

Et maintenant... ?

On sent beaucoup d’émotion dans vos messages de remerciement  pour avoir obtenu la demande de pardon du Président de la République à vos pères.  Avec souvent le regret qu’ils ne soient plus là pour l’entendre. Transparaît aussi dans vos messages comme un apaisement. Le long combat de tant d’entre nous pour rendre justice à nos parents n’aura pas été vain. Certains en ont pleuré.

 

Beaucoup expriment leur soutien pour la suite et demandent à adhérer ou ont fait un don. Cela nous touche. Peu importe la somme c’est le geste qui compte. Les mots de soutien c’est bien, des actes (adhésion ou don) c’est mieux.

 

Certains expriment le désir de créer une délégation  AJIR dans leur département lorsqu’il n’en existe pas encore ou que leur association représente AJIR. C’est bien sûr possible si nous partageons objectifs et valeurs.  Plus nous serons présents partout plus nous pourrons agir partout auprès des parlementaires. On n’a plus le temps de parler d’union ou d’en rêver. L’urgence est à l’action. On a quelques mois pour  peser, pour que la loi soit à la hauteur des valeurs de la République et de sa dette à l’égard des Harkis.

 

On compte sur vous.  

Mauvais procès : faire et laisser braire !

02/10/2021

Mauvais procès : faire et laisser braire !

La loi réclamée depuis si longtemps, par de nombreuses associations, devient d’un seul coup insuffisante voire inutile ! La commission d’évaluation des préjudices n’est pas constituée (à notre connaissance) que déjà certains veulent la torpiller… tout en rêvant d’en faire partie ! Oui, ils ne sont pas à une contradiction près.

La mauvaise foi, la méchanceté et la bêtise n’ayant pas de limite, on assiste depuis quelques temps à un florilège d’attaques ridicules.

 AJIR ou son Président, et les 3 personnes qui ont pris la parole ne représenteraient pas les Harkis ? Quand ont-ils dit qu’ils représentaient tous les Harkis ? Le plus risible est que cette critique vient de personnes qui ont fait partie de la commission Ceaux sans se poser de question sur leur légitimité (et avec quel résultat !!) ou de Présidents auto-proclamés et sans adhérents ! Au lieu d’être fiers de voir des personnes compétentes et crédibles, respectées en haut lieu, se battre pour les anciens harkis et leurs familles, cette poignée de frustrés les critique et essaye de les salir. Ils préfèrent être représentés par des personnes qui osent interrompre le Président de la République au mépris de l’éducation la plus élémentaire ?

 

AJIR "roulerait" pour Macron? Au sein d’AJIR il y a des gens de gauche, de droite, du centre et de nulle part. L’apolitisme d’AJIR ne consiste pas à refuser à ses membres des convictions politiques mais à avoir en son sein des personnes de tous les bords. AJIR existe depuis 1998 et n’a fait campagne pour aucun candidat. Boussad Azni, en son temps, avait lui fait ouvertement campagne pour Sarkozy… et AJIR ne l’a pas critiqué ni vilipendé pour cela. Car AJIR a mieux à faire que critiquer d’autres associations.

 

L’annonce du 20 septembre est un coup électoral? Le Président était prêt à aller vers la réparation dès 2019 (voir discours lors de la cérémonie du 9 juillet). Mais la crise sanitaire d’une rare violence a tout relégué au second plan. De plus qui a empêché les autres Présidents de demander pardon, faire un projet de loi reconnaissant la responsabilité de l’Etat français et mettre en place une commission d’évaluation des préjudices ?

 

 

AJIR ne s’occupe des Harkis que depuis un an ?  AJIR existe depuis 1998. Lors des débats pour la loi de 2005, une seule association a été citée : AJIR. En 2000, lorsque Boutéfklika insulte les Harkis c’est Mohand Hamoumou qui répond le lendemain à la télé après une opération concertée avec Abdelkrim Klech!

 

On ne parle que des 4 intervenants à l’Elysée alors que tant d’autres se sont battus pour cette cause?. A l’Elysée, malgré le temps court imparti, Claire Houd a rendu hommage à Abdelkrim Klech et Mohand Hamoumou  a commencé son discours par « une pensée pour tous ceux qui ne peuvent être là, de M’Hamed Laradji à Abdelkrim Klech».

 

On  ne perdra pas plus de temps ni d'énergie car nous ne convaincrons pas ces jaloux maladifs qui font que notre communauté passe pour la championne de « l’art de perdre » comme dit Alice Zéniter (lire ici).  Désormais on ne répondra plus. On préfère continuer à travailler.

Merci à toutes celles et tous ceux qui nous ont rejoint. Ensemble continuons à  veiller à ce que la volonté du Président ne soit pas déformée ou réduite. Continuons de rassembler les personnes constructives, positives pour être plus fort et veiller à une juste réparation de tous les préjudices avérés. Merci aux associations qui nous rejoignent et aux sections départementales AJIR qui se créent. Afin d’agir pour les Harkis, leur mémoire, leur honneur. C’est cela qui compte.

Au fond, on aime bien la devise de la Légion étrangère : « Faire et laisser braire ! »

Réactions audiscours du Président de la République à l'égard des Harkis

23/09/2021

Réactions audiscours du Président de la République à l'égard des Harkis

Harkis : un « pardon » justifié, au nom de la France

Éditorial

Le Monde

Le geste d’Emmanuel Macron s’inscrit dans une stratégie au long cours de réconciliation des mémoires sur la guerre d’Algérie. Il doit être salué mais aussi être suivi d’autres fortes paroles.

Publié hier à 10h42, mis à jour hier à 10h42 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ».

Près de soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, le calvaire des harkis, ces supplétifs de l’armée française abandonnés aux représailles du FLN victorieux après l’indépendance, ou transférés en France dans des conditions indignes, demeure l’une des pages les plus honteuses de l’histoire de notre pays. Emmanuel Macron a franchi un nouveau pas, lundi 20 septembre, dans la reconnaissance de leur lâchage par les plus hautes autorités de la République et de leur long oubli par la société française.

« Aux combattants abandonnés (…), je demande pardon », a-t-il déclaré lors d’une réception à l’Elysée, à l’approche de la Journée nationale d’hommage aux harkis célébrée chaque 25 septembre depuis 2003.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emmanuel Macron demande « pardon » aux harkis en reconnaissant leur « singularité dans l’histoire de France »

A sept mois de l’élection présidentielle, la dimension électoraliste du discours du chef de l’Etat, et son annonce de la présentation d’un projet de loi « de reconnaissance et de réparation », n’échappe à personne. Le poids électoral des harkis dépasse largement celui des familles concernées − environ 450 00 personnes −, car leur histoire résonne tant chez les pieds-noirs que chez les anciens combattants. Pour autant, le geste d’Emmanuel Macron ne saurait être réduit à sa dimension politicienne. Parce qu’il s’inscrit dans une stratégie au long cours de réconciliation des mémoires sur la guerre d’Algérie, il doit être salué.

Alors que le président de la République, suivant les recommandations de l’historien Benjamin Stora, a écarté la piste d’une « repentance » générale s’agissant du rôle de la France dans la guerre d’Algérie, il a raison de prendre une position inverse à propos des harkis, et de leur demander « pardon » au nom de la France.

Mémoires conflictuelles

Enrôlés aux côtés de la France dans une guerre qui ne disait pas son nom, ces musulmans d’Algérie ont été doublement et directement victimes de décisions officielles : celle de rapatrier en France le moins possible d’entre eux, puis celle de parquer les rescapés dans l’Hexagone, dans des camps de transit ou des hameaux de forestage où, soustraits au reste de la société, certains ont été de fait assignés à résidence jusqu’en 1975. Ces images terribles − des harkis tentant de s’accrocher aux camions militaires quittant l’Algérie en 1962 ; des familles abandonnées, en France, dans des camps fermés, soumis à couvre-feu et gardés par d’anciens militaires − font partie de l’histoire de France.

Emmanuel Macron, tirant les conséquences de la difficulté de parvenir à des gestes réciproques du côté algérien − reconnaître le drame des harkis obligerait Alger à admettre que la guerre de libération a été aussi une guerre civile et que le FLN s’était engagé à s’abstenir de tout acte de représailles −, déploie une politique cohérente destinée à cicatriser, en France même, les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Appartenant à une génération née bien après, il semble saisir la nécessité de dépasser cette époque sans l’oublier.

Car les mémoires conflictuelles, partagées par des millions de Français, continuent de suinter, alimentant le racisme et les discriminations qui perpétuent les blessures, mais aussi les discours enfermant les descendants de colonisés dans le statut d’éternelles victimes. La paix civile en France et de nouveaux rapports avec le Maghreb et l’Afrique supposent que soient tenus des discours de vérité. Le « pardon » de M. Macron envers les harkis doit être suivi d’autres fortes paroles. Notamment à propos du massacre, par des policiers parisiens, de manifestants algériens pro-FLN, le 17 octobre 1961, dont le soixantième anniversaire approche.

Lire aussi « Arrière-pensée électorale », « mots justes »… Les réactions aux annonces d’Emmanuel Macron sur les harkis

Le Monde

 

 

Politique

[Tribune] Les promesses du président-candidat n’effaceront pas des années de mépris pour les Harkis et les Pieds Noirs

 

 

En Février 2017, à Alger, le candidat Emmanuel Macron déclarait que la colonisation avait été un «crime contre l’humanité». En décembre 2017, toujours à Alger, le Président Macron déposait une gerbe au monument des martyrs du FLN. En septembre 2018, il reconnaissait la responsabilité de l’État dans la disparition de Maurice Audin. En mars 2021, après la remise du très orienté rapport Stora, il reconnaissait aussi la responsabilité de l’État dans la mort d’Ali Boumendjel avant d’ouvrir les archives de la guerre d’Algérie sans rien attendre en retour du pouvoir algérien.

 

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Harkis : pour Arnaud Montebourg, « on ne peut pas passer sa vie à demander pardon »

La liste des actes de repentance et des offenses est infinie et nous avons réclamé en vain des gestes de reconnaissance similaires pour les Pieds Noirs, les Harkis et les Anciens combattants. Il a ignoré toutes nos demandes. Soudainement, le calendrier électoral aidant, il fait mine de se souvenir. Il demande pardon aux Harkis au nom de l’État et promet une nouvelle loi de réparation. Nul ne conteste que les Harkis méritent que leur souffrance soit reconnue. Ils se sont battus pour la France et la France les a abandonnés. Nous serons toujours favorables aux mesures prises pour eux.

Nous avons d’ailleurs déjà agi pour cette reconnaissance notamment grâce au Ministre Hamlaoui Mekachera et au Président Jacques Chirac. En 2003, nous avons instauré la Journée nationale d’hommage aux Harkis du 25 septembre. La grande loi du 23 février 2005 a œuvré pour la mémoire et l’indemnisation des souffrances malgré ce que ses détracteurs ont pu en dire. Nous avons aussi décristallisé les pensions et inauguré le mémorial du Quai Branly parce que nous sommes éternellement reconnaissants envers ceux qui se sont battus pour la France et nous n’attendons pas l’approche des élections pour nous souvenir.

Comment rendra-t-il hommage aux Harkis qui se sont battus aux côtés des Pieds Noirs qu’il a traités de criminels contre l’humanité ? S’il veut faire croire à sa sincérité, je lui demande de revenir sur ses propos insultants et injustes.

 

A LIRE 

Emmanuel Macron “demande pardon” aux harkis et annonce une loi de « réparation »

Car oui, la manœuvre du Chef de l’État est grossière et sa duplicité flagrante. Rappelons qu’il a tout cédé au pouvoir de Bouteflika et de ses successeurs. Rappelons-aussi qu’il n’a jamais rien fait pour apaiser les tensions et permettre aux Harkis de retourner sur leur terre natale d’Algérie. A sept mois des élections, le Président-candidat est lancé dans une grande opération de séduction tous azimuts, se servant des ors de l’Elysée pour faire campagne et multiplier les annonces généreuses. Malheureusement il s’est lui-même pris au piège de son manque profond de convictions et de ses allers-retours incessants qui sont devenus sa marque de fabrique.

Comment célèbrera-t-il demain ceux qu’il honnissait hier ? Comment rendra-t-il hommage aux Harkis qui se sont battus aux côtés des Pieds Noirs qu’il a traités de criminels contre l’humanité ? S’il veut faire croire à sa sincérité, je lui demande de revenir sur ses propos insultants et injustes. Je lui demande aussi de renoncer officiellement aux commémorations des accords d’Évian, qu’il s’est engagé à célébrer et qui sont le point de départ de la tragédie des Pieds Noirs et des Harkis. Alors nous pourrons enfin en finir avec l’ère de la repentance perpétuelle et redonner vigueur à la fierté de la France.

 

 

 

Harkis : en quoi consistera la commission de réparation annoncée par Emmanuel Macron ?

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Emmanuel Macron devant des associations de harkis lors de son discours du 20 septembre 2021. © GONZALO FUENTES / REUTERS

Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État aux Armées, est revenue mardi 21 septembre, au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron sur la création d’une commission de reconnaissance et de réparation pour les harkis, sur cette annonce.

Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron sur la création d’une commission de reconnaissance et de réparation des harkis, la secrétaire d’État aux Armées, Geneviève Darrieussecq, était l’invitée de RFI, ce mardi 21 septembre. Elle a été interrogée sur l’organisation de cette commission nationale.

Des réparations « adaptées à chaque personne »

Elle aura d’abord une fonction de reconnaissance. « La reconnaissance, c’est reconnaître ce qu’ont fait les harkis et la place qu’ils ont dans notre pays. Ils sont Français », a expliqué Geneviève Darrieussecq.

 

Genevieve Darrieussecq à l’Élysée le 8 septembre 2021. © LUDOVIC MARIN / AFP

La commission sera « mise en œuvre par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre ». Elle pourra recueillir les paroles de harkis et de leur famille et mettre en œuvre les réparations.

Ces réparations s’adresseront à « ceux qui ont été accueillis en France dans des conditions très dures », a expliqué Geneviève Darrieussecq. Elles « seront adaptées à chaque personne ». « Le facteur le plus important sera la durée de présence dans les camps », a précisé la secrétaire d’État. La commission s’appuiera sur les archives pour trouver les preuves de présence des familles dans ces camps.

Un fonds de 37 millions d’euros débloqué en 2018

Le montant global de ce soutien n’a pour le moment pas été donné. Il s’ajoutera aux 37 millions d’euros débloqués en 2018 sur quatre ans dans le cadre du « plan harkis » présenté par Geneviève Darrieussecq. Ce fonds de solidarité a été dépensé à hauteur de 13 millions d’euros « en fonction de critères sociaux » et « pour 1800 dossiers », a informé la secrétaire d’État, ajoutant qu’il « fonctionne bien ».

Solène AGNÈS.    Ouest-France  

 

 

 

 

Reconnaissance des harkis : "Une douleur énorme et irrépressible qu’il est impossible de combler"

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Au cours de la réception, Emmanuel Macron a décoré Salah Abdelkrim, un représentant harki blessé au combat, un officier français, le général François Meyer, qui a organisé le rapatriement "de plusieurs centaines de harkis en désobéissant aux ordres", et une fille de harki, Bornia Tarall, "militante de l'égalité des chances et de la diversité".

© Gonzalo Fuentes, AFP

 

Texte par : FRANCE 24

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11 mn

Emmanuel Macron a "demandé pardon" lundi aux harkis au nom de la France et annoncé un projet de loi de "reconnaissance et de réparation" à l'égard des anciens combattants aux côtés de l'armée française durant la guerre d'Algérie. Pour l'historien Gilles Manceron, qui estime que les harkis ont été "trompés", cette nouvelle étape est nécessaire, même s'il y a encore beaucoup à faire. 

Le gouvernement "portera avant la fin de l'année un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l'égard des harkis", a annoncé lundi 20 septembre Emmanuel Macron lors d'une cérémonie d'hommage à l'Élysée

Les harkis sont des Algériens recrutés localement comme auxiliaires de l'armée française durant la guerre d'Algérie (1954-1962) pour lutter contre le FLN. Mais au lendemain des accords d'Évian du 18 mars 1962, consacrant la défaite française en Algérie, le gouvernement français refuse le rapatriement massif de ces quelques 200 000 hommes. Seuls quelque 42 000 harkis, accompagnés parfois de leurs femmes et enfants, sont évacués en France par l'armée et transitent par des camps aux conditions de vie souvent indignes. 

Quelque 40 000 autres y parviennent par des filières semi-clandestines ou clandestines. Au total, entre 80 000 et 90 000 personnes arrivent en France selon certaines estimations, pour la majorité entre 1962 et 1965. Les autres, désarmés, sont livrés à leur sort en Algérie. Considérés comme des traîtres par le nouveau régime, ils sont victimes avec leurs familles de sanglantes représailles.

Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron leur a demandé pardon au nom de la France. Gilles Manceron, historien spécialiste de l'histoire coloniale de la France, membre du comité central de la Ligue des droits de l'homme et auteur notamment de "Les harkis, histoire, mémoire et transmission"(Éditions de l'Atelier, 2010), est revenu sur l'antenne de France 24 sur ces déclarations et sur cette plaie qui reste à vif.

Emmanuel Macron, dans son discours, a annoncé une loi et un fonds de réparations. Est-ce que selon vous, la France fait un pas de plus en avant ?

Il est nécessaire de reconnaître ce qui a été fait par la France, par l'armée française, durant toute la période de la colonisation et notamment pendant la guerre d'Algérie. Je pense que cela va dans le sens d'une reconnaissance. Il a dit que cela n'appartenait pas au chef de l'État de dire l'histoire, mais que c'était aux historiens de la décrire. En tant qu'historien, je dirais que les harkis ont été trompés. C'étaient des civils, des paysans algériens qui ont été trompés par la France et tout particulièrement par l'armée française qui a défini leur statut d'auxiliaire, de personnes qui ne faisaient que les choses que l'armée française leur demandait de faire et qui parfois ont été amenés par l'armée française à faire aussi des choses qui ont marqué profondément le peuple algérien dans la violence exercée notamment à certains moments dans les interrogatoires en particulier.

Le chef de l'État a demandé pardon aux harkis et à leurs descendants. Ces mots ont du mal à passer auprès de certaines personnes. Dans la salle, une femme a notamment pleuré. Est-ce que ces mots sont particulièrement difficiles à entendre dans la bouche d'un Président ?

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C'est très difficile parce que la douleur est immense de la part de ces paysans algériens ou enfants ou petits-enfants de paysans algériens qui sont venus en France après 1962 pour fuir un certain nombre de violences et de massacres. C'est extrêmement difficile d'accepter le sort qu'ils ont subi ou que leurs parents ou grands-parents ont subi dans cette guerre. Il y a une douleur énorme et irrépressible qu'il est impossible de combler. Je comprends ces réactions.  

Est-ce qu'il n'y a pas aussi un peu de scepticisme chez ces descendants qui ont vu les chefs d'État se succéder et faire un lot d'annonces même si on avance avec le temps ?

 

Ils doutent car on leur a raconté beaucoup de mensonges. À l'époque de la guerre elle-même, on ne leur a pas véritablement dit ce qu'il se passait. L'armée a tenu à l'écart les déclarations du chef de l'État, le général de Gaulle, qui disait que la France allait accepter l'indépendance algérienne. L'armée, les chefs de l'armée, le général Salan, le général Challe, en particulier, leur ont fait courir un risque en définissant un statut d'auxiliaire qui les a enfermés dans une situation de victimes potentielles. Ces généraux étaient partisans du maintien de l'Algérie française. Ils voulaient que l'abandon des harkis soit comme l'exemple même de l'impossibilité de l'abandon de l'Algérie française. Il y a eu un piège. C'est cette histoire qu'il appartient aux historiens de reconstruire et de restituer.

Pourquoi cette volonté de reconnaissance s'accélère-t-elle en ce moment ?

Il y a un effet anniversaire décennal avec les 60 ans de l'indépendance et du cessez-le-feu en 2022 qui est aussi une année électorale. Emmanuel Macron veut consacrer son septennat du point de vue du travail mémoriel à cette vérité sur l'affaire algérienne et sur la colonisation plus généralement. On ne saurait l'en blâmer. Mais simplement, il a du mal à le faire. Ses choix et ses alliances politiques ne l'aident pas à réaliser son vœu. Il y a encore beaucoup de travail et de reconnaissance nécessaire de la part de l'État.

 

 

 

Au nom de la France, Emmanuel Macron "demande pardon". Le président de la République s'est adressé ce lundi aux harkis, auxiliaires musulmans ayant combattu aux côtés de l'armée française durant la Guerre d'Algérie, lors d'une cérémonie d'hommage. Pendant son discours, il a également promis de porter "avant la fin de l'année un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l'égard des harkis". 

"Panser les plaies"

"Vous portez dans votre chair le souvenir des harkis. L'honneur des harkis doit être gravé dans la mémoire nationale", a expliqué le chef de l'Etat en appelant à "panser les plaies" qui doivent être "fermées par des paroles de vérité, gestes de mémoire et actes de justice". Les détails du projet de loi n'ont toutefois pas été précisés par le locataire de l'Elysée. 

Une forte émotion était palpable dans la salle des fêtes de l'Elysée, où le chef de l'Etat avait invité quelque 300 personnes : des harkis, qui sont désormais très âgés, soixante ans après la fin du conflit, mais aussi leurs descendants, des responsables d'associations et des personnalités. Le discours d'Emmanuel Macron a ainsi été interrompu pendant quelques minutes lorsqu'une femme, très émue, l'a interpellé en affirmant que les excuses ne suffisaient pas. 

 

Le président a été aussi applaudi à plusieurs reprises, notamment lorsqu'il a déclaré : "Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance; nous n'oublierons pas. Je demande pardon, nous n'oublierons pas". 

Un nouveau pas engagé

Ces excuses sont un nouveau pas pour un chef d'Etat, après celui de François Hollande, qui avait reconnu en 2016 "les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis". 

"Après la fin de la guerre d'Algérie, la France a manqué à ses devoirs vis-à-vis des harkis", a encore affirmé le chef de l'Etat en précisant que ce n'était pas son "rôle" de juger "les dirigeants de l'époque", qui revient aux historiens. 

LIRE AUSSI >> Guerre d'Algérie : "La société française est moins crispée qu'on ne le dit"

En septembre 2018, la secrétaire d'Etat aux Armées Geneviève Darrieussecq avait présenté un "plan harkis" comprenant le déblocage de 40 millions d'euros sur quatre ans pour revaloriser les pensions des anciens combattants et venir en aide à ceux de leurs enfants qui vivent dans la précarité. 

Au cours de cette réception, qui se tenait cinq jours avant la journée nationale d'hommage aux harkis, célébrée tous les 25 septembre depuis 2003, notamment dans le sud de la France où cette communauté est très présente, Emmanuel Macron a également décoré Salah Abdelkrim, un représentant harki blessé au combat, un officier français, le général François Meyer, qui a organisé le rapatriement "de plusieurs centaines de harkis en désobéissant aux ordres", et une fille de harki, Bornia Tarall, "militante de l'égalité des chances et de la diversité". 

Plusieurs centaines de milliers de personnes concernées

Les harkis sont ces anciens combattants - jusqu'à 200 000 hommes - recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant le conflit qui opposa de 1954 à 1962 des nationalistes algériens à la France. A l'issue de cette guerre, une partie d'entre eux, abandonnés par Paris, ont été victimes de représailles en Algérie. 

LIRE AUSSI >> Accords d'Evian : pourquoi ceux qui ont fait la guerre d'Algérie l'ont si peu racontée

Plusieurs dizaines de milliers d'autres, souvent accompagnés de femmes et d'enfants, ont été transférés en France, où ils ont été placés dans des "camps de transit et de reclassement" aux conditions de vie indignes et durablement traumatisantes. 

Les harkis et leurs descendants formeraient aujourd'hui une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes en France. Ils ont connu une intégration difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés. 

Un opportunisme électoral ?

Après avoir pris différentes initiatives (sur Maurice Audin, l'ouverture des archives ou l'assassinat de l'avocat Ali Boumendjel...), Emmanuel Macron entend encore participer à deux journées mémorielles d'ici à la fin du quinquennat: la répression par la police française d'une manifestation d'Algériens à Paris le 17 octobre 1961, et la signature des accords d'Evian le 18 mars 1962 qui ont consacré la défaite française en Algérie. 

Autant de rendez-vous politiquement sensibles à l'approche de la présidentielle d'avril 2022, alors que les harkis représentent un électorat traditionnellement courtisé par le Rassemblement national et la droite. Différents partis politiques d'opposition voient d'ailleurs cet hommage comme un signe d'opportunisme électoral, à sept mois de l'élection présidentielle. A l'extrême droite, Robert Ménard a dénoncé une manoeuvre "dégueulasse". "Pour Sarkozy, Hollande, pour lui, les Harkis ne sont que des supplétifs électoraux", a ajouté le maire de Béziers. "La générosité électorale d'Emmanuel Macron ne réparera pas des décennies de mépris ainsi que l'outrage commis par le Président à la mémoire de ces combattants de la France accusés, en 2017, avec d'autres, de 'crime contre l'humanité'", juge pour sa part Marine Le Pen

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